Philippe Fraser, linguiste convaincu

| November 2011 | Ici-Londres | Amandine Jean |

De la recherche d’héritiers au Japon à la création de trois écoles bilingues à Londres, Philippe Fraser consacre sa vie au multilinguisme.

Philippe Fraser est un pur produit du bilinguisme. C’est à Londres qu’il voit le jour en 1976, d’une mère française qui donnait des cours de savoir-faire et d’un père anglais généalogiste. Philippe fait sa scolarité dans un établissement anglais. Bon élève, « très sage mais pas très sportif » de son propre aveu, il a beaucoup d’amis et se plaît déjà à partager avec les autres. « J’ai toujours aimé les langues, j’ai appris l’allemand au lycée puis le japonais pendant cinq ans à la fac et l’espagnol en tant qu’adulte », confie-t-il. Il réussit si bien à l’université qu’il décroche une bourse pour étudier pendant un an au Japon. Une véritable révélation. « Ce pays allie le meilleur des deux mondes ; une modernité que je ne pensais exister qu’aux Etats-Unis et une histoire plus vieille que celle de l’Europe » s’enthousiasme Philippe, un éclat ardent dans les yeux. Philippe apprend beaucoup du tumulte ordonné de la vie au pays du soleil levant. Pourtant, de retour à Londres, une fois ses études terminées, Philippe ne sait pas encore précisément ce qu’il veut faire. Après quelques stages en banque qui lui permettent surtout de préciser ce qu’il ne veut pas faire, il entre dans une société internet allemande pendant deux ans. Quand la boîte fait faillite, comme beaucoup à l’époque dans ce secteur, il prend conscience qu’il aimerait utiliser les langues dans sa profession. C’est alors qu’il décide de rejoindre la société de son père, Fraser and Fraser, réputée dans les arbres généalogiques. Il s’occupe tout spécialement des recherches pour les successions japonaises et se déplace régulièrement sur place pour rencontrer les héritiers. La BBC 1 consacre même une série de reportages sur l’activité de Fraser and Fraser, Heir Hunters. Avec le temps, l’idée de monter une école bilingue commence à germer ; autour de lui, des amis commencent à avoir des enfants et regrettent de ne pas pouvoir leur offrir le bilinguisme. « Pourquoi attendre le collège pour apprendre une langue ? C’est tellement plus facile pour un enfant… » constate Philippe.

C’est ainsi qu’il ouvre en 2008 sa première école bilingue, adaptée de l’école Mars Montessori existante, après une année d’études et de recherches à Paris. Il enchaîne avec Les Petites Etoiles, dont il est cofondateur avec Olivier Bertin et Amandine Alys et s’apprête à ouvrir Les Trois Oursons au mois d’avril prochain. Deux équipes anglophone et francophone se partageront deux classes matin et après-midi en alternance. « La petite enfance est vraiment un âge enchanté, s’éclaire Philippe.On voit des enfants arriver timides, qui n’osent pas parler… et qui repartent en parlant couramment deux langues, se sont fait des amis, ont appris à manger, compter, dessiner… » Pour ajouter le bilinguisme à l’initiation informatique prévue au programme scolaire, Philippe a mis au point un logiciel de huit jeux qu’il proposera prochainement à tous. Son dernier challenge, c’est le langage des signes. « A l’anniversaire d’un ami, je me suis retrouvé à côté d’une personne sourde et je n’avais aucune idée de comment communiquer avec elle. Je me suis senti bête, moi supposé être spécialiste des langues. » Il n’en fallait pas plus ; Philippe suit des cours depuis lors et a découvert un nouveau monde.

Par Amandine Jean le 08/11/2011